Sécurité : une coproduction publique privée ? – Le Regard d’Eric de Riedmatten
Présenté par Eric de Riedmatten
Juin 2023
Je lis dans Le Figaro que les petites villes qui étaient paisibles dans le passé, sont devenue la proie des « malfrats ». Des communes de moins de 20 000 habitants, parfois 5 000 habitants seulement, sont visées, attaquées, dépouillées. Ces villes « chic » où il faisait bon vivre, voient leurs taux d’agression directement exploser. Des chiffres jamais vus jusque-là qui ont été révélés par les services de police et de gendarmerie. Des chiffres qui sont inquiétants car ils révèlent l’impuissance des forces de sécurité publique. Certes, police privée et police municipale font le maximum mais elles sont parfois dépassées par les évènements et ne peuvent plus faire face à la montée de la violence. Dans certaines de ces communes, on enregistre désormais plus de 2 attaques pour 1 000 habitants. Ce qui est énorme ! Dans plusieurs villes de France, dont le nom était autrefois synonyme de paradis, les attaques ont été multipliées par 4 ! La France est minée par la violence comme le titrait Le Figaro, il y a quelques jours.
DES VILLAGES PAISIBLES DEVENUS LA PROIE DES GANGS
On frémit quand on voit des communes de la banlieue chic de l’Ile-de-France comme Le Vésinet, Vaucresson, Louveciennes ciblées par les voyous qui profitent de la prospérité de ces lieux pour reproduire ce qu’ils faisaient dans les banlieues chaudes. En résumé, hier, on évitait d’aller trainer le soir dans les quartiers sensibles de Lyon, Nantes, Lille ou Saint-Denis. Désormais, c’est dans les rues de Marmande ou dans le centre de la petite ville tranquille de Guéret que l’on risque d’être attaqué. Là-bas dans la Creuse les actes de délinquances ont bondi de …. 200% en 6 ans ! Et ces chiffres ne tiennent compte que des infractions qui ont fait l’objet d’un dépôt de plainte.
LE CONTINUUM DE SÉCURITÉ SE MET EN PLACE DANS LES PETITES VILLES
Alors le continuum prend le relais. A Malestroit, dans le Morbihan, la ville a mandaté des agents de sécurité privée pour renforcer la sécurité. Ils patrouillent et veillent au bon ordre depuis que le Maire Bruno Gicquello a décidé de lutter contre les incivilités nocturnes. Voilà encore une preuve que le continuum de sécurité se renforce. Il en est de même à Toulouse et Montpellier gangrenés par les trafiquants. Les recrutements de forces privées sont en cours. De nouvelles équipes vont arriver sur le terrain, équipées d’armes de catégorie D, comme le prévoit la Loi de Sécurité Globale. Le privé prend le relais du public avec des équipements désormais adaptés aux risques. Ces agents privés (me dit-on), disposeront de bombes lacrymogènes, de gilets pare-balles et de chiens de défense. Et cette fois, grâce à la loi qui a évolué depuis le 1er Mars, ces agents privés seront autorisés à verbaliser avec ensuite, s’il y a des poursuites, une convocation devant les tribunaux. A Nice, c’est le trafic de drogue dans le quartier des Moulins qui empoisonne la vie des habitants. Un groupement de sécurité privé baptisé GITeS (Groupement Inter-quartiers de Tranquillité et de Sécurité) a été mis en place pour renforcer les effectifs de police. Le Maire de Nice, Christian Estrosi confirme d’ailleurs que ces agents privés seront armés et présents sur le terrain au quotidien. 24 agents sont en cours de recrutements.
QUAND LA SÉCURITÉ DEVIENT UNE COPRODUCTION
J’ai beaucoup apprécié la déclaration du Préfet des Alpes Maritimes, Bernard Gonzales qui détaillait récemment l’étroite collaboration qui se renforce entre les forces privées et les forces publiques. Il y a désormais « coproduction » dit le Préfet. Mais selon moi, c’est le signe que l’État n’est plus à la hauteur. Il y a quelque chose qui ne va plus. Est-ce le fait que les peines ne sont plus appliquées ? Est-ce parce que l’autorité a disparu et que les voyous rarement condamnés reprennent le chemin de la délinquance une fois qu’ils sont relâchés ? Est-ce la multiplication de certains mineurs isolés sur le territoire français ? Pourquoi n’y a-t-il plus de centres de redressement comme cela était le cas autrefois ? Car tout cela donne l’impression que l’État se déleste du problème et le confie à des organisations privées. « Des milices » comme le disait récemment le responsable du Rassemblement National à Nice. Selon moi, ce n’est pas une milice. C’est un renfort utile pour les forces de l’ordre classiques. Mais tant que des peines sévères ne seront pas infligées, la multiplication des agents de surveillance ne servira pas à grand-chose sauf à rassurer les « bonnes gens » dans les villages de France. Mettre un « agent » derrière chaque citoyen est impossible. D’ailleurs, tout cela n’épargne pas certaines patrouilles privées qui se retrouvent attaquées comme c’est le cas à Toulouse. C’est désormais la tolérance zéro qui doit être décidée au plus haut niveau pour bloquer la croissance sans fin de la délinquance. Ce n’est donc plus une question de police mais de justice.
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Éditeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe