SÉCURITÉ, LE CONTINUUM VU PAR LES COMMERÇANTS – Le Regard d’Eric de Riedmatten
Par Eric de Riedmatten
Avril 2023
La sécurité privée va avoir du travail ! C’est ce que me disait un commerçant de Rennes que j’interviewais la semaine dernière sur CNEWS à la suite des manifestations à répétition dans les grandes villes de France. Un autre commerçant, situé au Mans, n’avait jamais vu un tel déferlement de haine et de violence à son encontre. Son malheur est d’exploiter une enseigne dédiée à la distribution de crédits aux particuliers, symbole du capitalisme aux yeux des « black blocs ». A Lyon, ce sont des tags insupportables qui ont été badigeonnés sur les devantures avec des insultes telles que « sales capitalistes » ou « suppôts des milliardaires ». Leur tort ? Ils possèdent une bijouterie ou une boutique de luxe ! A Strasbourg, le porte-parole de l’association des commerçants du centre-ville me déclarait son inquiétude face aux pertes de chiffre d’affaires qui se conjuguent au remboursement des PGE lesquels s’ajoutent aux factures d’électricité qui ont flambé.
DE NOUVELLES STRUCTURES POUR PROTÉGER LES COMMERÇANTS
Bref, la situation devient critique pour les commerçants qui commencent à jeter l’éponge, comme me le confie Francis Palombi, président de l’Association des Commerces de France. Actuellement, selon ses chiffres, 52% des petits commerces cessent volontairement leur activité pour changer de métier. L’insécurité a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y a un trop plein, trop de violence et il est urgent de recréer des structures capables de protéger les petits commerces me dit Francis Palombi qui estime qu’un continuum de sécurité doit se mettre en place avec une mutualisation des coûts de surveillance. Des agents privés pourraient être chargés de faire de la dissuasion dans les rues et les quartiers. Selon lui, leur simple présence suffirait à éloigner les éléments les plus violents. Ils déclencheraient les alertes en cas de braquage. Car un petit commerce n’a pas les moyens de financer tout seul sa propre sécurité. De même, la vidéo protection a ses limites.
LES COMMERCES SE SENTENT ABANDONNÉS PAR LEUR MAIRIE
En interviewant l’un des maires adjoints de Lyon, j’ai osé lui demander où étaient passés le calme et la sérénité qui faisaient la légende de l’ancienne capitale des Gaules. On regrette Raymond Barre, on repense à Gérard Colomb. Pourquoi les commerçants se sentent-ils abandonnés ? Pourquoi les mairies n’assurent-elles plus leur protection ? Je n’ose même pas revenir à l’époque d’Edouard Herriot, longtemps maire de Lyon et député du Rhône qui avait su faire de la cité romaine l’une des plus riches et plus sûres de France. Un modèle à l’époque !
LA DECONSTRUCTION EST EN ROUTE ET NEGLIGE L’ESPRIT CIVIQUE
Les « écolos » d’aujourd’hui ont lancé leur entreprise de déconstruction dans une ville qui souffre d’une insécurité record. Elle n’est pas seule. La démission touche Rennes, Bordeaux, Grenoble, le Mans, Angers et Paris qui ont suivi ce mouvement où même les polices municipales ne peuvent plus grand-chose. De toutes façons, il leur est interdit de riposter à la moindre menace et ce sont les commerçants qui en font les frais.
Il y a les attaques liées aux manifestations anti-réformes des retraites à quoi s’ajoutent les bandes qui viennent semer la terreur dans les centres commerciaux. Regardez ce qui s’est passé dans le Village des Marques à Villefontaine dans l’Isère. Un rodéo est venu menacer la sécurité des familles tout comme à Echirolles dans le Centre Commercial » Grand’Place ».
Heureusement, la vidéo surveillance a permis d’identifier les visages des voyous, ce qui a permis de mettre en garde à vue plusieurs individus. Et je me dis que cette évolution technologique est un bien fait pour la sécurité privée qui se met ensuite à la disposition des gendarmes pour décrypter les images dans le respect de la loi.
La ligue des droits de l’homme peut toujours manifester sa désapprobation, et s’indigner des images qui violent (selon elle) la vie privée des suspects, je salue cette avancée car le continuum marque des points et l’on constate que cette coopération entre sécurité privée et sécurité publique est sur la bonne voie.
C’est aussi ce qui va se passer avec les Jeux Olympiques durant lesquels les caméras de reconnaissance de comportements seront autorisées. Elles permettront de renforcer le continuum et de prouver que les coopérations fonctionnent entre privé et public.
LES COMMERÇANTS SEULS FACE À LEURS PERTES
Ces avancées technologiques sont enfin au service de ceux qui souffrent de tous ces débordements. Quand on sait que les commerçants ne reçoivent aucune indemnité en cas de perte de chiffre d’affaires, et que seules les assurances prennent en charge la casse des vitrines, on mesure combien l’inquiétude grandit chez ces indépendants qui voient leur gagne-pain et leur capital fondre comme neige au soleil.
Pour Francis Palombi, la France a décroché sur le plan de la sécurité.
Les banlieues sont livrées à elles mêmes. Il faut remettre des ilotiers dans les quartiers sensibles, et les compléter par des structures d’éducateurs partout où c’est possible. Les coopérations avec la sécurité publique doivent se développer. Voilà un continuum qui ne demande qu’à se mettre en place si l’État en a la volonté.
Éric de Riedmatten
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
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