SÉCURITÉ : CA VA ENFIN BOUGER DANS LES TRANSPORTS ! – Le Regard d’Eric de Riedmatten
Par Eric de Riedmatten
Novembre 2022
Va-t-on pouvoir enfin utiliser les transports en commun, sans risquer de se faire agresser ?
Je pense à cette jeune fille de 17 ans, étudiante à l’Ecole de la légion d’Honneur située à Saint-Denis, au nord de Paris. Le lieu est historique. L’ancienne abbaye est magnifique. Elle été reconvertie en école par Napoléon. Sauf que pour s’y rendre, les pensionnaires sont tenues d’emprunter l’une des lignes de métro les plus dangereuses de France. Est-ce normal que cette jeune fille soit obligée de retirer ses boucles d’oreille, sa montre, et cacher son visage quand elle arpente le métro ?
Gérald Darmanin a bien fait de s’attaquer au problème de la sécurité dans les transports en commun. Faut-il oser parler de « déclaration de guerre » ? Franchement, cela devenait impossible. Y compris dans les trains de banlieue, les RER et les TGV où l’on vous diffuse des messages d’alertes vous invitant à protéger vos biens en raison de pickpockets, voire pire. L’objectif des pouvoirs publics est clair : zéro délinquance pendant la coupe du monde de rugby et les JOP 2024. J’ai envie de dire, non monsieur le Ministre, tout de suite !
DES EFFECTIFS QUI VONT DOUBLER
On apprend que les effectifs vont doubler et que nous aurons 1 835 agents de plus pour surveiller les transports en commun.
Cela suffira-t-il ? Je regarde les chiffres, il y aurait actuellement 1675 policiers et gendarmes qui patrouillent dans les transports publics. On va passer à 3510 avec de nouvelles unités, 37 brigades au total seront créées dans toute la France, y compris dans les villes moyennes comme Angers, Amiens ou Lens. Des villes oubliées qui étaient encore des havres de paix à la fin du siècle dernier et dont les statistiques ont tendance à se dégrader.
Le renfort de l’État est donc une bonne chose. Mais cela pèsera sur le contribuable et la sécurité va devenir un enjeu budgétaire de taille. Car n’oublions pas que beaucoup de villes ont conclu des accords de délégation de service public et confient au secteur privé la gestion de la sécurité de leurs transports. Cela a pour avantage de soulager le contribuable et de faire payer la note à l’usager à travers le prix du billet.
26 MILLIONS D’EUROS PAR AN POUR LA SÉCURITÉ PRIVÉE DES TRANSPORTS LYONNAIS
C’est le cas à Lyon.
Le groupe KEOLIS emploie, sur Lyon, 250 contrôleurs privés pour assurer la sécurité du transporteur local.
Patrick Aujogue, qui dirige le département sécurité, me disait qu’il consacrait, chaque année, 26 millions d’euros à la protection des voyageurs. Une somme qui échappe au budget de l’Etat. Et même si les transports lyonnais sont plutôt bien sécurisés, (ils figurent au-dessous de la moyenne nationale en termes de dépôts de plaintes), il faudra toujours plus d’agents pour apporter plus de confiance dans les bus et les wagons.
L’arrivée des renforts promis par Gérald Darmanin est donc une bonne nouvelle mais qui aura un coût, supporté par la collectivité et qui impactera l’imposition locale.
Mais c’est le prix à payer pour faire reculer l’insécurité qui a atteint des sommets en France. C’est aussi la concrétisation d’un vrai partage des taches avec la mise en place d’un continuum de la sécurité qui va s’amplifier.
SÉCURITÉ : TOUJOURS PLUS.
Si l’on prend l’exemple parisien avec la RATP, je vois que les coopérations se renforcent. Plusieurs dizaines de « privés » viennent compléter chaque jour le travail des 5 500 agents de la RATP qui sont eux mêmes épaulés par une équipe de 1 000 GPSR armés (le Groupement de Protection et de Sécurité des Réseaux) qui œuvrent aux côtés de la BRF la Brigade des Réseaux Ferroviaires. Le tout augmenté de plus de 50 000 caméras qui scrutent tous les recoins du métro, des bus, des tramways et des RER.
Et malgré cet incroyable arsenal, la guerre contre l’insécurité n’est pas gagnée. Il en faut toujours plus.
DES COMMISSARIATS DANS LES GARES
Fait nouveau, la sécurité dans les gares sera renforcée. Cela me rappelle les agents de quai qui, par leur présence, rassuraient les voyageurs. C’était dans l’ancien monde il y a bien longtemps.
Cette fois, ce seront des commissariats de police qui verront le jour au sein des gares pour enregistrer les plaintes, lors des JOP 2024. On verra même un continuum international se mettre en route avec le renfort de polices étrangères.
Ce que je retiens de tout cela, c’est que le continuum a de beaux jours devant lui et que la guerre contre l’insécurité est déclarée.
Encore faudra-il une réponse pénale digne de ce nom pour les fauteurs de trouble. Et que la paix dans les transports ne reste pas à quai !
Éric de Riedmatten.
Une émission Agora Médias
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Chef d’édition : Eric de Riedmatten