Sécurité, bientôt les drones autorisés : un nouveau pas pour le continuum ? – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Éric de Riedmatten
Avril 2023
Des drones pour sécuriser les manifestations et les défilés syndicaux : oui, il le faut. Et vite. Et c’est d’ailleurs un très bon point pour le continuum que défend ANews Sécurité.
Car derrière cette décision, il y a toute une organisation qui va se mettre en place. Notamment, la fourniture d’équipements avec répétition générale pour la coupe du monde de rugby en France et les JOP 2024. Et sur ces deux évènements, on sait que le privé sera partie prenante.
Sans les débordements scandaleux qui ont émaillé les manifestations autour des bassines de Sainte-Soline, le Conseil d’État n’aurait pas été saisi par le ministère de l’Intérieur pour un recours aux drones à des fins de renseignement. J’applaudis et je me dis qu’il faut en arriver à des situations extrêmes pour enfin, activer le bon sens !
APRÈS UN NON AUX DRONES, LE BON SENS S’INVITE DANS LE DÉBAT
Le Conseil d’État va donc se prononcer vendredi prochain 21 avril. La CNIL de son côté a donné son accord mais on revient de loin. Quand on sait que le Conseil Constitutionnel avait censuré l’utilisation des drones par les forces de l’ordre en décembre 2020 pour surveiller les manifestations à Paris. Incroyable : Le préfet Lallement, à l’époque, avait été sommé de renoncer aux drones au-dessus des voies publiques ! Tout cela pour satisfaire une association de défense de libertés, « la Quadrature du Net » ! Les casseurs, voyous, et autres black bloc ne se sont pas encombrés de ces interdits. Ils ont continué d’utiliser les drones et notamment à Sainte-Soline pour observer les positions de défense des gendarmes, les agresser, les violenter et les blesser gravement.
Heureusement, les choses pourraient changer. Si tout se déroule bien, la sécurité publique va disposer de moyens supplémentaires pour identifier en amont les fauteurs de troubles les plus violents. Mais il y aura des exceptions, la Police municipale sera exclue du champ d’application. Ce qui, à mon sens, est regrettable car il y avait là un moyen de créer une nouvelle passerelle entre le privé et le public.
UN AUTRE OUTIL DE SURVEILLANCE SOUS LA MENACE D’INTERDICTION
Il y a aussi un autre outil qui pourrait s’avérer extrêmement puissant pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, c’est l’arrivée des caméras de vidéosurveillance à réalité augmentée. Ces caméras détecteront les comportements suspects aux abords des stades. Et déjà, des freins et des oppositions se mettent en place comme si on voulait tuer dans l’œuf une technologie de pointe, qui plus est, 100% française et dont l’objet est de renforcer la sécurité publique lors de rassemblements de masse comme la cérémonie d’ouverture des Jeux. N’oublions pas qu’il s’agira de protéger 600 000 spectateurs répartis le long des berges parisiennes et plus de 10 000 athlètes. Le rapport qui vient d’être publié apporte 41 recommandations quant à l’usage de ces caméras. Le document encourage la technologie française afin de protéger nos fleurons. Mais, car il y a un mais, il faudra « brider » ces caméras pour leur interdire la reconnaissance faciale. Une fois de plus, on se coupe une jambe alors que la France pourrait figurer parmi les pays le plus en pointe sur ce type de technologie. Une technologie qui serait appréciée et respectée puisque l’enjeu des jeux est majeur en termes de sécurité publique. On va donc interdire la reconnaissance faciale à un moment où la violence monte en France et que la Police exige plus de moyens.
DES LOGICIELS DE RECONNAISSANCE SERAIENT BANNIS
Le rapport de 150 pages et qui a demandé 6 mois d’enquêtes (y compris en Israël, haut lieu de l’utilisation de cette technologie) écrit noir sur blanc que les logiciels de reconnaissance à des fins de maintien de l’ordre seront bannis. Seules quelques expérimentations seraient menées dans les aéroports. On parle même, selon les informations de mon confrère du Figaro Jean-Marc Leclerc, de détection de la voix et de vérification d’identité par l’iris de l’œil. Dommage que tout cela ne soit pas mis en œuvre pour 2024. Selon moi, il n’y a pas de concessions à faire face à la violence qui se fait de plus en plus menaçante. C’est aussi une manière de protéger nos forces de sécurité, de les épauler dans leur travail car tout le monde sait bien que les caméras « augmentées » ne resteront intelligentes qu’avec l’apport du regard humain. Une intelligence artificielle sans l’appui de l’Homme (avec un grand H) serait sans effet. Il y aura donc des emplois à la clef comme me le confirmait sur Cnews le président du Groupe TALAN, Mehdi Houas, expert en Intelligence Artificielle.
Espérons tout de même que le débat sera ouvert, et que très vite, on se rendra compte que cette technologie nous tend les bras et qu’il faut la développer tout en la maitrisant. N’attendons pas un acte terroriste pour se rendre compte que l’IA est un allié des forces de sécurité, qu’elles soient privées ou publiques.
Eric de Riedmatten
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