JO : Face aux menaces dans le 9-3, que fera la sécurité privée ? – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Éric de Riedmatten
Mars 2023
C’est une étude qui ne laisse pas indifférent. Je l’ai découverte dans le Figaro la semaine dernière. Il s’agit de la délinquance croissante dans le département du 9-3. Le département de la Seine-Saint-Denis où vont se dérouler la moitié des épreuves des JO 2024. La menace est réelle et inquiète les autorités.
Ordre a été donné de nettoyer le département avant la cérémonie d’ouverture. Un véritable plan de guerre est annoncé pour assainir ce secteur du nord de Paris, gangrené par la violence. « Un chaudron de délinquance » affirme Le Figaro.
DES MILLIONS DE TOURISTES AUX POCHES PLEINES
Et quand on sait que des millions de touristes aux poches pleines vont cheminer vers le stade de France et les autres sites des épreuves, on peut s’inquiéter.
Autant de proies faciles à détrousser et une France qui apparaîtra aux yeux du monde comme un coupe-gorge si les choses tournent mal.
Je suis surpris que l’on s’inquiète de cet état de fait à 500 jours du coup d’envoi des JO.
En 2 000, j’ai quitté le monde de la presse (momentanément) pour diriger la communication du groupe Siemens France. Le siège social était situé à Saint Denis. Une ville qui m’a toujours intéressé car elle renferme l’un des plus beaux patrimoines de la monarchie. La nécropole des Rois de France.
J’ai passé 7 années à Saint Denis. J’ai côtoyé les dirigeants de Plaine Commune qui ont su transformer des friches industrielles en zones de bureau. Et il suffit de voir ce que sont devenus les abords du stade de France pour comprendre la métamorphose du 9-3.
SAINT-DENIS, LA PROIE DES GANGS
Sauf que, personne ne pouvait imaginer qu’en faisant venir des sièges d’entreprise, on créait des halos de richesse et que les employés qui regagnaient chaque soir à la nuit tombée la station de métro du carrefour Pleyel, allaient devenir des proies pour les gangs.
On avait déjà dû prévoir des agents de sécurité privée, entre 2000 et 2007, pour raccompagner le personnel inquiet.
Incroyable ! Il y a 23 ans, l’insécurité grandissait de manière alarmante sans que personne n’ose le reconnaître.
Je me souviens de débats avec la mairie. Dénoncer la violence en Seine-Saint-Denis, c’était attaquer la réputation d’un beau département en pleine reconstruction et symbole de l’insertion et la mixité sociale.
Il a fallu que les gangs installent le business de la drogue et que le commerce de la kalachnikov fleurisse dans les caves des HLM, pour que la dégradation soit prise au sérieux.
SANS LE CONCOURS DES AGENTS PRIVÉS, IL N’Y AURAIT PAS EU TOUS CES SIÈGES D’ENTREPRISES
Nicolas Sarkozy avait dépeint la situation quand il a parlé de « nettoyer le département au Karcher ». Depuis 2005, date de cette phrase mémorable, les choses n’ont fait qu’empirer. En 2022, Valérie Pécresse a bien tenté de ressortir le Karcher de la cave (selon son expression), il était trop tard. Et la gangrène a fait son œuvre. Comme sur une jambe inguérissable, le mal a rongé jusqu’à l’os les derniers espaces vivables.
Et désormais, ce qui était encore il y a quelques décennies un département d’industries et de travailleurs, avec aussi quelques tombes royales, est devenu le royaume de la pègre.
Et sans le concours des agents de sécurité du privé, jamais autant de sièges d’entreprises n’auraient vu le jour dans cette partie du nord de Paris.
J’en entends déjà qui disent que tout cela est exagéré. Je leur envoie les chiffres du ministère de l’Intérieur.
DES JO QUI S’ANNONCENT DÉLICATS SUR LE PLAN SÉCURITAIRE
37 agressions par jour, des attaques d’une rare cruauté avec le retour en force de bandes dignes de Mad Max. Des bandes composées de 400 individus à peine.
Et dans ce triste théâtre, des jeux olympiques qui s’annoncent très difficiles sur le plan sécuritaire.
Selon l’union européenne de football (UEFA), la police n’est pas préparée pour cet événement. Il faut donc un plan d’urgence pour ne pas répéter le fiasco du stade de France lors du match Liverpool-Madrid en mai 2022.
Et le rôle de la sécurité privée sera plus que primordial pour contribuer à la protection de 13 millions de visiteurs, dont 15 000 athlètes qui logeront dans le 9-3.
En plus des forces de l’ordre, ultra mobilisées, il faudra des agents de sécurité : 17 000 selon les derniers chiffres. Et même 22 000 certains jours.
Or, la vague de recrutement s’annonce délicate en raison de la pénurie de main d’œuvre qui touche le secteur de la sécurité. Les appels d’offres sont en cours. La surveillance électronique, confiée en partie au privé, sera aussi au cœur du dispositif.
SI LE RENFORT DU PRIVÉ EST AU RENDEZ-VOUS, ALORS LE 9-3 EN RÉCOLTERA LES FRUITS
Si le renfort du privé est au rendez-vous, alors peut-être le département en récoltera les fruits sur le long terme. Car ces efforts conjugués à un plan de guerre voulu par le Préfet de Police, pourront sans doute assainir la situation de ce département terrorisé par la violence.
Déjà, les opérations de police en vue des JO ont permis de faire reculer sensiblement l’insécurité.
Et il y a du pain sur la planche quand on sait que 200 000 clandestins vivent dans le 9-3 qui est devenu l’un des lieux les plus violents d’Europe.
Si les JO peuvent apporter leur pierre au sauvetage d’un département en péril, avec le renfort du privé, alors on applaudira.
Pour le moment, concernant la sécurité, les jeux ne sont pas faits.
Eric de Riedmatten
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Éric de Riedmatten
Editeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe