Décivilisation, la sécurité privée à la rescousse ? – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Éric de Riedmatten
Mai 2023
La sécurité privée doit monter en puissance. On l’attend avec impatience. Il y a aujourd’hui une frange de la population hostile à toute autorité. Pourquoi cette multiplication des violences ? Chaque jour, un meurtre. Chaque jour, un policier, un pompier, un prof, une infirmière, un médecin, un surveillant pénitentiaire sont agressés, souvent blessés, parfois laissés pour mort. Samedi à Rouen un homme tué par balle en plein centre-ville. Jeudi dernier, un gardien de prison étranglé à Seysses. Emmanuel Macron lui-même s’interroge. Il semble ne pas saisir le tournant civilisationnel qui modifie la trajectoire sécuritaire du pays. Or, n’importe quel citoyen qui prend sa voiture et utilise le métro au quotidien a compris depuis longtemps que la France ne tourne plus rond sur ce point. Emmanuel Macron est inquiet de voir cette France qui étouffe sous la violence.
DES SOCIOLOGUES A L’ÉLYSÉE POUR DÉCODER LA DÉCIVILISATION
Et face à cette situation, le Président a convoqué des sociologues à un déjeuner secret afin de déchiffrer ce qui cloche dans l’évolution de la société française. C’est le journal Le Monde de samedi dernier qui révèle la tenue de cette invraisemblable réunion censée analyser l’évolution de la société. Il a été question de » décivilisation », une expression sortie de la bouche d’Emmanuel Macron après l’agression qui a coûté la vie à l’infirmière du CHU de Reims. Le rendez-vous devait rester confidentiel. Un journaliste a pourtant livré quelques détails qui en disent long sur le décalage entre la société et le pouvoir. On découvre un chef d’État inquiet au sujet des récents faits divers sanglants. Cette multiplication de violences gratuites. La liste s’allonge chaque semaine. L’infirmière du CHU de Reims poignardée. Il y a ce délinquant alcoolisé et drogué qui remonte une voie à contresens à Villeneuve d’Ascq dans le Nord et qui fauche la vie de 3 policiers, Manon, Paul et Steven qui était papa d’un bébé de 11 mois. Il y a ce maire qui démissionne, sous les menaces d’un groupuscule d’extrême droite. Il y a ces violences verbales qui se multiplient chaque jour dans les services publics.
LA FRANCE SUR LA PENTE DESCENDANTE ?
Selon moi, oui. Car l’autorité fondée sur le pouvoir et l’obéissance, est une notion en voie de disparition. Ce que je vois, ce que j’entends chaque jour sur Cnews notamment, confirme cet abandon des valeurs qui ont fait la force de notre pays. La sécurité publique n’est plus respectée. Les lieux de cultes, les hôpitaux, les mairies, les écoles sont chaque jour la proie de violences, de menaces, de mécontentement pour ne pas dire des lieux où s’expriment la fureur et la haine. Ces délinquants ne respectent plus la chose publique, la « Res Publica » qui était respectable et respectée depuis l’époque romaine. Aujourd’hui, la justice ne répond plus. Elle n’a plus les moyens d’agir et quand bien même elle le ferait, que ferions-nous des individus les plus violents ? Les maisons d’arrêts sont saturées.
Face à la décivilisation qui est une nouvelle forme de sauvagerie, l’État doit se faire aider. La sécurité privée remplit déjà son rôle de force dissuasive. Partout où il y a un agent de sécurité, les violences sont repoussées. Il faut renforcer la sécurité publique. Il est temps de rassurer les populations comme cela se faisait autrefois dans les banlieues avec les ilotiers qui géraient les gamins et leur évitait de faire des bêtises. La crainte de l’autorité doit être la règle comme cela se fait aux États-Unis. Il suffit de regarder les émissions consacrées aux arrestations sur la route. Toutes les missions étant filmées, on voit comment agit le Policeman. Et les petits caïds n’en mènent pas large.
LE CONTINUUM INDISPENSABLE POUR RENFORCER LE TRAVAIL DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE
Le continuum se manifeste déjà dans les commerces, les entrées de bureaux, les lieux sportifs et dans certains services publics. Mais peut-on mettre un agent de sécurité aux entrées de chaque CHU, de chaque école, de chaque église ? Emmanuel Macron aurait dit au cours de ce déjeuner secret que le gouvernement doit être « intraitable sur le fond » face à « ce processus de décivilisation ».
On ne peut qu’approuver. Me vient alors une interrogation. Être intraitable, n’est-ce pas déjà trop tard ? Pour cela, il est important me semble-t-il de réinjecter des règles strictes dans la société. Il est urgent de faire respecter l’ordre et appliquer la sentence ce qui n’est plus le cas. J’approuve ce que dit Jean-Pierre Chevènement dans le magazine Le Point paru le week-end dernier. « Nous avons besoin d’une autorité qui se veut simple, rapide et proportionnée ».
Reciviliser notre société passe aussi par un retour de l’autorité dans les foyers, dans les écoles, dans l’entreprise. Je me dis que finalement, la société a perdu ses principaux piliers. La famille fixait les règles de conduite. L’école enseignait le civisme, le catéchisme était un guide moral qui ne faisait pas de mal, l’armée avec le service national imposaient le respect et la vie en communauté et enfin, l’entreprise permettait à chacun de s’épanouir et de trouver son équilibre. De tout cela, il ne reste plus grand chose. Certains de ces piliers se sont déjà effondrés, d’autres s’effritent actuellement comme l’entreprise qui a perdu un pan de son pouvoir depuis l’accélération du télétravail.
Emmanuel Macron a raison de s’inquiéter du déclin de la maison France. Puisse-t-il très rapidement restaurer le sentiment de sécurité que les Français voient fondre de jour en jour. Avant que la maison toute entière ne s’effondre, faute de piliers solides.
Éric de Riedmatten
Directeurs de la publication : Michaël Lejard & Sébeastien Guénard
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