Cybersécurité, le continuum se met en route – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Eric de Riedmatten
Mai 2022
Cela fait des années que le continuum de la sécurité est un doux rêve. Marier les acteurs du public avec les forces du privé pour apporter plus de sécurité au pays sans dépenser plus.
Tout le monde l’appelle de ses vœux.
Mais les cadres réglementaires ont freiné jusque là les volontés de rapprochement. Il semble que cela change. Avec la réforme du CNAPS, de nouveaux pas en avant ont été et vont être réalisés. Avec la loi de sécurité globale du 25 mai 2021, la professionnalisation des acteurs du privé est en route. Les entreprises montent en gamme, la formation s’améliore.
La cybersécurité devient un accélérateur de particules.
Elle s’annonce comme le nouveau laboratoire de ce continuum tant désiré. Il y a là une opportunité à réunir les acteurs de terrain, les forces privées et publiques, et les moyens industriels que développent les entreprises françaises du monde de la sécurité. On sait par exemple que ce coup de booster va bénéficier aux PME. 30 % des futures solutions retenues viendront de petites entreprises ou des start-ups. Et 80% des technologies utilisées pour cette traque sur le Net devront être Françaises.
On peut dire ouf. Et enfin !
Avec cette chasse ouverte contre la criminalité 2.0, les choses avancent.
Car il y a urgence.
Et c’est bien connu, partout où la menace s’amplifie, l’imagination et la mobilisation redoublent d’efficacité.
Cette criminalité se propage au rythme des nouvelles technologies. Elle appelle des réponses sécuritaires de plus en plus fermes. Car en effet, plus la technique évolue, plus la menace grandit.
L’espace digital est sous la menace de la haine en ligne qui est déversée gratuitement, il y a des menaces terroristes, des attaques de banques et des rançonnages, des entreprises paralysées par des virus, des datas volées ou détournées, des fake news suffisamment violentes pour détruire une réputation ou déstabiliser un État.
A l’approche des Jeux Olympiques 2024 le risque monte.
« Nous serons attaqués en permanence » disait récemment Tony Estanguet, le Président du Comité Olympique France 2024 qui s’attend à la multiplication d’actes de malveillances.
On peut s’attendre à tout, comme par exemple une guerre sans répit qui va tirer ses salves pour déstabiliser ou paralyser des réseaux de communication ou des retransmissions.
Face à un tel théâtre de violences, face à de telles menaces, l’Etat a eu raison d’employer les grands moyens.
Il a mis sur pied une task force que nous dévoile cette semaine le Préfet Olivier de Mazières en charge de cette nouvelle unité rattachée au Ministère de l’intérieur.
On y apprend notamment que le gouvernement Castex a débloqué 1 milliard d’euros pour renforcer la sécurité sur le Web. Les moyens de lutte vont être considérables. La task force du préfet de Mazières compte déjà 25 personnes et s’appuie sur les autres forces de l’Etat que sont la police aidée par le dispositif Faros, la justice, l’armée, et les futures cyber-patrouillles promises par Emmanuel Macron durant la campagne.
Que d’efforts pour une mission majeure qui menace vraiment notre société. Cette criminalité en col blanc dont on ne sait d’où elle vient est capable de bloquer un hôpital, un pipeline, un réseau d’eau potable et même tout un pays.
Voilà un exemple de coordination réussie qui montre que l’Etat peut compter sur le continuum s’il en a la volonté.
Que cela serve d’exemple pour améliorer notre sécurité publique.
Car les chiffres de la délinquance dans les rues restent inquiétants. En mettant à profit les forces du continuum, on pourra à coup sûr progresser dans ce domaine et rassurer les populations qui n’en peuvent plus de vivre dans des zones mal surveillées, mal protégées, où les effectifs de police et les moyens sont insuffisants.
Avec la cybersécurité, on voit enfin qu’il est possible de marier le privé avec le public pour atteindre un même objectif.
Eric de Riedmatten
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