Coopérations Public/Privé, vers le bout du tunnel ? – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Eric de Riedmatten
Janvier 2023
L’organisation des JO de Paris en 2024 va sans doute donner le coup d’accélérateur tant attendu au continuum de sécurité.
Deux points nouveaux me permettent de croire que les choses vont changer.
D’abord, le compte rendu du Conseil des Ministres la semaine dernière consacré à la sécurité des Jeux Olympiques.
Ensuite, le rapport de la Cour des Comptes remis à l’Assemblée mardi 10 janvier.
En lisant ces deux documents, j’ai poussé un ouf de soulagement.
Car de belles perspectives et de nouvelles opportunités s’ouvrent à la profession.
Depuis des années, l’univers de la sécurité attendait un vrai signal favorable au renforcement des coopérations entre public et privé.
L’Espagne a ouvert la voie. D’autres pays en Europe dont l’Autriche, affichent avec fierté leur bilan sécuritaire, grandement amélioré grâce aux coopérations entre le public et le privé. Les Belges quant à eux, n’hésitent pas à dire qu’ils ont la meilleure sécurité privée en Europe, depuis l’instauration de la loi Jambon qui a fait suite à la loi Tobback.
En France, on attendait. On doutait. On n’osait plus espérer aller au-delà de ce qui était déjà autorisé par la loi.
LES JO SERONT LE CATALYSEUR TANT ESPÉRÉ
Certes la loi va encadrer les limites du possible et bien entendu, tout ce qui sera autorisé pour les Jeux Olympiques sera limité dans le temps et sera frappé du sceau expérimental.
En attendant, et si tout se déroule bien et dans les délais impartis, les entreprises de sécurité vont être mises à l’épreuve et vont pouvoir agir aux côtés des forces publiques. Une vraie coopération utile qui va permettre aussi de contribuer à l’amélioration de la sécurité aux abords des stades.
SÉCURITÉ AUX JO, ENFIN LE SECTEUR PRIVÉ MIS À CONTRIBUTION
Le conseil des ministres a bel et bien acté la mise en place d’une vidéo-protection intelligente, qui sera gérée par des sous-traitants du secteur privé. C’est aussi le recours inattendu aux scanners corporels pour détecter les objets dissimulés sous les vêtements, ce qui évitera toute palpation. Et cela, grâce à un équipement high tech qui sera piloté par de l’intelligence artificielle.
Là aussi, le secteur privé sera mis à contribution pour l’analyse des données. La formation du personnel sera imposée en amont.
Je note également un élargissement des ouvertures de magasins le dimanche, sans restrictions. Cela va offrir une formidable opportunité aux entreprises de surveillance qui vont devoir recruter de la main d’œuvre formée pour assurer la sécurité aux portes des commerces ouverts.
Si l’on ajoute le dépistage du dopage avec l’usage d’algorithmes pour analyser les empreintes génétiques, nous entrons là dans une nouvelle ère sécuritaire qui va faire de la France un pays « à la page » dans ce domaine.
Les coordinations prévues entre le privé et la RATP confirment la confiance que les pouvoirs publics placent dans les entreprises du secteur privé. La mise en place du Centre de Coordination Opérationnel de Sécurité (le CCOS situé à la préfecture), en est l’illustration.
Nous avons la chance de disposer des meilleurs outils de surveillance et des entreprises de sécurité les plus fiables d’Europe. Profitons de cette compétition sportive pour montrer aux yeux du monde que le partenariat public/privé est une affaire qui marche. D’autant que les plus hautes sphères de l’État mettent beaucoup d’espoir dans ce partenariat. L’apport du privé dans la sécurité des JO doit « permettre de stabiliser les besoins et de palier de probables carences » précise la cour des comptes dans son rapport. J’y vois le coup d’envoi du continuum que beaucoup d’acteurs attendent de pied ferme depuis longtemps.
JO EN VUE : LES ATHLÈTES PAS SEULS DANS LES STARTING-BLOCKS
Alors que les JO arrivent dans quelques mois, il n’y aura pas que les athlètes dans les starting-blocks.
La course de fond est engagée pour les professionnels de la sécurité. Le top départ est déjà donné.
Ne laissons pas filer cette chance de mettre en route un continuum solide et durable. C’est une ouverture à saisir pour que l’essai se transforme en continuum de long terme.
Eric de Riedmatten
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten