Attaques des lieux de cultes, la sécurité privée doit agir – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Éric de Riedmatten
Mars 2023
Je suis stupéfait en découvrant le nombre d’attaques de lieux de cultes en France. Pas un jour sans qu’une église ne soit dégradée dans un village ou une grande ville. Et le silence des autorités accentue mon indignation car il me semble que les autorités se cachent derrière le principe de la laïcité pour ne pas agir ni réagir. Je lis Le Figaro du 10 mars. Encore trois églises en plein Paris ont été vandalisées vendredi dernier par des « ennemis de la société » comme je les ai surnommés sur CNEWS. Notre-Dame de Lorette, Saint-Augustin, Saint-Nicolas des Champs : Trois sites ont été attaqués en une journée. Une chaise a été jetée sur un tableau, une statue a été dégradée, un tag a été apposé sur une porte… Une semaine plus tôt, on apprenait que des malfaisants avaient profané une hostie et qu’ils avaient détruit une statue à la barre de fer à Saint-Denis d’Argenteuil….
Qu’est devenue la notion du sacré ?
Je ne parle même pas du sacré religieux, je parle du sacré tout court comme le définit ma consœur Sonia Mabrouk dans son nouvel ouvrage « Reconquérir le Sacré ». En font partie, des lieux laïcs comme le Mont Valérien, l’Arc de Triomphe écrit ma consœur. Selon moi, le sacré signifie tout simplement l’intouchable. Le sacré c’est une personne âgée, un enfant, un handicapé, un médecin, un pompier, un policier, un gendarme ou un employé de Pôle Emploi parce que rien ne justifie la moindre remarque ou la moindre attaque à leur endroit. J’y ajouterai la Marseillaise, notre hymne national sans oublier des lieux qui symbolisent nos institutions telles que l’Assemblée Nationale où le chahut, l’impolitesse et les mauvaises manières des députés désacralisent les lieux de pouvoir.
Bref, que peut faire notre pays face à cette accélération de faits scandaleux qui vont au-delà des incivilités. J’étais à l’antenne de CNEWS mardi dernier lorsque l’ai vu des vandales attaquer à coup de pioche une voiture garée sur le parcours de la manifestation des « anti-retraites ». On voit sur les vidéos un fou furieux démonter un panneau de circulation et fracasser le pare-brise et les vitres latérales de la voiture d’un urgentiste de SOS Médecins appelé par un patient boulevard du Port-Royal. Le vandale a été arrêté. C’était un fiché S. Il s’est attaqué selon moi à un bien « sacré », à savoir un médecin en plein exercice de son métier. La justice doit être impitoyable à son égard. Je n’ai aucune pitié pour ces ennemis de notre société.
La liste des lieux de cultes vandalisés fait froid dans le dos
Pour en revenir aux lieux de culte, je regarde l’enquête publiée par la revue Familles Chrétiennes, en début d’année 2023. La liste des attaques fait froid dans le dos. L’État parle d’environ 1 000 atteintes par an (dernier chiffre connu) contre des biens chrétiens face à 154 actes antimusulmans et 657 actes antisémites. Mais quelle que soit la religion, et en l’absence de plaintes, on sait bien que le phénomène est largement sous-évalué. Et que la surveillance n’est pas assurée.
J’apprends que la ville de Paris, qui est en charge du patrimoine et donc des églises qui sont sous sa responsabilité (celles édifiées avant la loi de 1905), va organiser une réunion d’urgence pour aborder ce grave problème de sécurité dans les églises.
Faut-il un renfort du privé ?
Faut-il davantage d’agents de sécurité aux portes de nos églises sacrées ? Quelle honte d’en arriver là quand on s’appelle France, fille ainée de l‘Église. Depuis deux ans, la conférence des évêques de France tire la sonnette d’alarme devant l’accélération des dégradations dans les lieux de culte. L’épiscopat réclame d’ailleurs des dépôts de plaintes systématiques et souhaite la mise en place de vidéosurveillance. Mais comment gérer le problème du droit à l’image ? Peut-on laisser une caméra filmer les entrées d’une église sans porter atteinte à l’anonymat et à la discrétion du recueillement ?
Et qui payera l’investissement ? Les collectivités sont chargées de l’entretien et des réparations des églises bâties avant la loi de 1905. Et c’est l’État qui doit abonder les budgets des collectivités comme on le sait. Mais l’État pourra-t-il sécuriser à ses frais la totalité des lieux de cultes ? Il y en a 100 000 en France et la quasi-totalité est consacrée au culte catholique. Seul un programme étatique pour le renforcement de la sécurité dans les lieux religieux règlerait la question financière. Mais à quel prix. Et l’État en a-t-il la volonté et les moyens ? Et devra-t-il faire de même pour les synagogues et mosquées ? Il n’y a pas à douter que le continuum de sécurité a toute sa place dans ce dispositif et que la surveillance des lieux de culte va devenir plus que jamais une priorité pour la société.
Éric de Riedmatten
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